Oppidum du Mont Beuvray et d'Alise-Sainte-Reine Considéré comme le site de Bibracte, capitale gauloise dont
César dit dans ses Commentaires qu'elle avait la prédominance
en Gaule, le Mont Beuvray, outre ses grandes enceintes fortifiées,
a livré aux chercheurs de nombreux documents archéologiques,
mais beaucoup moins qu'on espérait. Enfin, la preuve qu'on était
bien sur le site de la Bibracte dont parle César n'a pas été
trouvée.
Aujourd'hui, deux thèses s'opposent: Christian Goudineau,
professeur au collège de France, Président du conseil scientifique
du centre archéologique, dans un ouvrage cité en bibliographie,
maintient la thèse officielle de Bibracte
au Mont Beuvray. Emile Mourey, officier en retraite, a retraduit les
textes de César. Dans trois ouvrages également cités
en bibliographie, il remet en question toute
l'histoire de la Gaule. Il arrive à la conclusion que le Mont Beuvray
n'était pas le site de Bibracte, mais celui de Gorgobina, lieu où
César a installé une peuplade boïenne originaire d'Europe
centrale après une grande bataille qu'il remporta sur eux et sur
les Helvètes à Sanvignes. Il reprend toute l'histoire de
la Gaule en situant Bibracte au Mont-Saint-Vincent,
ancienne ville murée, au Moyen Age, de la Bourgogne du sud.
Cette thèse qui s'appuie, au départ, sur une meilleure
traduction du texte de César et sur les connaissances militaires
de l'auteur pose, en France, un problème sérieux à
la recherche archéologique.
Oppidum du Mont-Saint-Vincent
En effet, en utilisant des techniques de plus en plus scientifiques
d'investigation et de contrôle, les archéologues français
ont fait de louables efforts pour hisser leur discipline au rang d'une
science qui occuperait la première place dans la compréhension
de l'Histoire antique, reléguant au second plan le témoignage
des textes. Il leur est difficile d'admettre maintenant qu'ils aient pu
se tromper sur le point le plus important, à savoir la localisation
du site qu'ils considèrent comme le modèle de la ville gauloise
au Ier siècle avant J.C. et comme la référence de
toute la civilisation celtique.
L'enjeu est important. Car dans l'alternative où Bibracte
ne se situe pas au Mont Beuvray mais au Mont-Saint-Vincent, le Mont Beuvray
ne représente plus qu'un site essentiellement boïen, et c'est
le Mont-Saint-Vincent, ville fortifiée et murée à
la façon des Grecs, qui devient le modèle, et de la ville
gauloise, et de la civilisation celtique. C'est toute la recherche et l'interprétation
archéologiques qu'il faut repenser, en France et même en Europe.
A cela s'ajoute l'aspect politique du problème. S'il serait
assez malvenu de reprocher au plus haut personnage de l'Etat français
d'avoir voulu sortir de l'indifférence et de l'oubli les origines
glorieuses de l'histoire de son pays, il n'empêche que maintenant
le problème est posé et qu'on attend du Ministre de la Culture
et de la Francophonie qu'il s'exprime. D'importantes dépenses ont
été faites sur le site du Mont Beuvray aux frais du contribuable.
Beaucoup de choses ont été dites, tant en France qu'en direction
de l'étranger. Ou bien il faut condamner les nouvelles thèses,
ou bien il faut reconnaître son erreur, dû le prestige national
français en souffrir.
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