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Lors de la réalisation du dernier
des grands travaux du Président de la République François Mitterrand au mont
Beuvray, vous étiez ministre déléguée auprès du ministre de la culture, de la
communication et des grands travaux, chargée de la communication. A ce titre,
vous ne pouvez pas ignorer les conditions dans lesquelles a été décidée la
construction du centre et du musée archéologique européen. Or, il
apparaît que cette importante opération sur ce site supposé être celui de
Bibracte n'a été précédée, ni par un réexamen des sources écrites antiques, ni
par une réflexion à laquelle auraient pû participer des militaires
professionnels.
L'identification de Bibracte au mont Beuvray résulte d'une thèse du marchand de
vin Gabriel Bulliot, président de la Société éduenne, à l'époque du Second
empire. Cette thèse erronée s'est trouvée confortée, en 1926, par le professeur
Constans qui a "orienté" sa traduction des Commentaires de César pour la faire
"coller" à la thèse précitée.
Depuis 1981, je me bats pour expliquer, arguments à l'appui, que le mont
Beuvray n'est pas le site de Bibracte, mais celui d'un oppidum stratégique
nommé Gorgobina, où César installa une tribu boïenne. Je me bats également,
arguments à l'appui, pour faire reconnaître Gergovie sur la hauteur du Crest,
Bibracte au Mont-Saint-Vincent, ainsi qu'une autre façon d'expliquer la
bataille d'Alésia.
Suite à mes multiples interventions, ce n'est que le 4 mars 1993 que Madame
Wanda Diebolt, Sous-directeur de l'archéologie, a enfin chargé M. Grenier de
Monner, importante personnalité de ce service, du suivi de cette affaire...
malheureusement sans résultat. Plusieurs députés se sont émus. Mal
conseillée par ses collaborateurs, Madame Trautman n'a pas traité le dossier,
mais elle a bien été obligée de reconnaître dans le journal officiel du
19 avril 1999 que dans le bilan des fouilles enfin publié, la question du
bien-fondé de la localisation du site de Bibracte n'était pas traitée.
Dans ces conditions et dans cette confusion, je ne vois pas quelle sera la
crédibilité de la carte archéologique que vous voulez établir, question mineure
certes. Beaucoup plus grave est l'obscurantisme concernant la compréhension des
origines de notre pensée qui est issu de cette confusion.
Ces erreurs que je dénonce sont graves. Elles auraient pu être évitées si les
archéologues responsables avaient fait preuve de plus de sérieux.
Il est inadmissible qu'à ce niveau de responsabilité, on puisse ainsi jouer
avec la bonne foi de nos concitoyens, tout en arrêtant le progrès de la
connaissance.
Ma demande est la suivante:
En tant que présidente du Conseil national de la recherche archéologique, je
vous demande instamment de bien vouloir exiger des membres de ce conseil qu'ils
justifient leurs affirmations concernant la localisation de nos anciens sites
gaulois par des arguments irréfutables ou qu'ils acceptent le débat avec ceux
qui en ont.
Mais si vous voulez vraiment assumer la responsabilité de votre fonction, je
vous demande de bien vouloir, vous-même, répondre aux représentants de la
nation, franchement et sans utiliser, ni la langue de bois, ni la langue de
coton.
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