Il faut dire qu’on revient
de loin... depuis la théorie d’une civilisation celtique qui aurait été
portée par de grands mouvements migratoires venues des steppes d’Asie
centrale jusqu’à, récemment, la théorie d’une culture du type
"génération spontanée" qui serait apparue au pied des Alpes suisses et
autrichiennes et qui se serait répandue ensuite dans toute l’Europe.
Mais voilà que les fouilles effectuées sur le tracé du futur TGV
Paris-Strasbourg amènent un certain nombre d’archéologues à penser
qu’on ne peut plus exclure la Gaule des lieux de naissance même si
d’autres préfèrent rester encore dans une sorte de consensus en parlant
d’un brassage de populations au sein de notre Europe tempérée.
Ce
n’est que depuis quinze à dix ans que les historiens ont commencé à se
rendre compte de l’impasse dans laquelle ils s’étaient fourvoyés en
minimisant l’importance de la Gaule depuis les temps antiques jusqu’à
l’époque de César. Ces quinze ans correspondent au nombre d’années qui
se sont écoulées depuis la publication de mes ouvrages. En m’appuyant
sur une meilleure traduction des textes et sur la logique notamment
militaire, j’ai proposé d’autres localisations, non pas pour Alésia,
mais pour les deux grandes capitales de la Gaule, Bibracte et Gergovie.
Voyez mes précédents articles !
Dans mon article "Le
temple de Gergovie" du 20 février, j’ai présenté le dessin du chapiteau
que voici. C’est un extraordinaire document que l’on peut admirer dans
le temple/église du Crest... Gergovie !
Ce
chapiteau est, à mon sens, à l’origine de cet art celtique tout en
arabesques et entrelacs que tout le monde connaît. Elément fondateur de
la pensée druidique, il nous révèle un Dieu de la Nature bien présent
mais caché. Rien d’étonnant à ce qu’il ait inspiré les artistes celtes
de Gergovie. Rien d’étonnant à ce que les guerriers arvernes aient
voulu inscrire sur leurs armes leur foi dans cette pensée née sur la
hauteur du Crest. Dissimulé dans les entrelacs du fourreau d’épée
présenté dans l’émission d’Arte, le visage de la divinité cachée se
laisse entrevoir au téléspectateur comme dans le chapiteau de notre
temple. Et puis, l’esprit s’évade dans la perfection harmonieuse des
arabesques et dans l’infinie complexité des représentations
symboliques, mathématiques et géométriques des figures. Une divinité de
la nature mais également "sur nature" que les Gaulois ont évoquée par
des figures idéalisées et parfaites de forme. Il s’agit bien là d’une
recherche fantasmagorique, ésotérique et mystique de la divinité et des
forces divines, telluriques et célestes, au travers de l’Art.
Compilateur
et héritier du pythagorisme, Jamblique présente comme vérité absolue
l’acousmate suivant : Qu’y a-t-il de plus beau ? Réponse : l’harmonie.
Bien qu’antérieure à l’époque de Jamblique, le vase de Vix dont j’ai
dit qu’il était une œuvre de Gergovie en est l’illustration la plus
exemplaire. Le corps du vase est une recomposition pythagoricienne du
bassin de la femme (la terre-mère) et les anses, une recomposition des
cornes du bélier jusqu’à une forme harmonieuse parfaite. Dès lors que
la preuve a été donnée dans cette émission d’Arte que les Celtes
étaient arrivés à un niveau de technicité incomparable dans l’art de la
métallurgie du fer et du bronze, rien ne s’oppose plus à l’hypothèse
que le vase ait été fabriqué à Gergovie/Le Crest, probablement dans ses
forges de Tallende.
Présenté également à l’émission,
le chaudron de Gundestrup est la plus belle illustration qu’on puisse
trouver des croyances de Gergovie, avec son évocation des symboles
solaire et lunaire, mais aussi l’image de l’homme coiffé de la ramure
du cerf en forme de branche d’épine noire, symbole d’intelligence. En
posture du sage/Bouddha, l’homme se trouve devant un choix : celui du
serpent/péché ou celui du torque/signe d’alliance avec Dieu. Il s’agit
d’une iconographie qu’on retrouve spécifiquement en Auvergne (près du
Crest) et en Bourgogne (près de Mont-Saint-Vincent).
C’est par une phrase très inquiétante que se conclut l’émission : la recherche archéologique avance mais le mystère demeure.
Non !
Je ne puis être d’accord. Le mystère n’existe que parce qu’on ne
cherche pas vraiment à l’expliquer. Mais je garde espoir ! Dans encore
quinze ans, il se peut que la communauté scientifique se rende enfin
compte que tout sort de Bibracte au Mont-Saint-Vincent et de Gergovie
au Crest ; que ces lions ciselés dans l’or viennent de Sumer après
avoir transité dans le temple du Mont-Saint-Vincent ; que ces griffons
et ces dragons, qui s’apprêtent à cracher le feu, viennent de Delphes
après être "ressuscités" dans la montagne de La Serre.
Merci
à Agoravox qui a accepté de publier à ce jour vingt-cinq de mes
articles, ce qui est tout de même assez conséquent. Dommage, toutefois,
qu’on m’ait refusé mon dernier texte "L’Atlantide, de la réalité au
rêve", d’autant plus dommage que c’était l’aboutissement de tout un
raisonnement que j’avais développé dans les articles précédents. Qu’il
y ait des réactions négatives qui influencent les modérateurs, je le
comprends, mais il faut aussi prendre en considération les commentaires
de soutien qui ne m’ont pas manqué, ainsi que les votes majoritairement
positifs, ainsi que le portrait "agoravoxien" qu’a fait de moi Eponymus
sur son blog :
Emile Mourey est
un ancien militaire de carrière et un latiniste qui depuis trente ans
explore les méandres de l’histoire. Sur son site, il a ouvert depuis
quelques temps une agence de voyage qui vous emporte en quelques clicks
au bord de la mer Rouge sur les traces de Moïse ou à Gergovie derrière
les fortifications gauloises. Mais Emile n’enseigne pas l’histoire, il
la revisite et essaye de replacer aux bons endroits les lieux et les
faits grâce aux rares indices que le temps nous a laissés. Avant de
lire ses articles, il faut prendre le soin de remiser ses vieilles
idées au placard des certitudes. Le parcours est toujours imprévu. Il
paraît que les chemins les plus longs sont les plus intéressants...
Cet article est à la fois un extrait de mes ouvrages et une réécriture.
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